Posons l’hypothèse que vous vous apprêtez à rencontrer un candidat prometteur en entrevue, ce qui vous rend enthousiaste en ces temps de pénurie de main-d’œuvre! 

Vous avez d’emblée une bonne opinion de lui, car en parcourant son CV, ses compétences et ses expériences de travail correspondent parfaitement à vos exigences. Vos attentes sont élevées et vous avez hâte de le rencontrer.

Or, dès l’instant où vous l’apercevez, un petit doute s’installe… Vous ressentez un petit tiraillement au fond de l’estomac, discret, mais dérangeant. Après de brèves présentations, le doute s’accentue. Malgré tout, vous vous dites que votre réaction est prématurée. Vous décidez de garder l’esprit ouvert et vous entamez le processus d’entretien avec entrain.

Au fil des échanges, vous constatez que ses réponses à vos questions sont adéquates, voire parfaites. Pourtant, le malaise persiste. Malgré les compétences évidentes du candidat, vous sentez – vous savez – que vous ne l’embaucherez pas, et ce, avant même que l’entrevue ne soit terminée.

Cela vous est-il déjà arrivé?

Voilà une illustration, qui vous est sans doute familière, de la façon de réfléchir des êtres humains, ce débat plus ou moins conscient entre raison et émotions.  

En effet, votre pensée rationnelle vous permet d’évaluer le CV et les réponses aux questions posées. Vous récoltez de l’information, vous l’évaluez consciemment, et vous en tirez des conclusions. Vos conclusions s’expriment facilement par des mots. Tout cela paraît logique.

Toutefois, un autre mécanisme de pensée intervient, qui provoque ce doute et ce malaise, malgré le fait que, rationnellement, le candidat réponde à vos attentes. Vous direz votre instinct peut-être, ou vos feelings, car ce sont des émotions qui se manifestent en vous, avant même les mots.

Et le plus fascinant n’est-il pas de constater que ce sont ces derniers qui ont préséance sur votre décision? Vos feelings, plutôt que votre raison…

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En fait, il ne s’agit pas de votre instinct à proprement parler, ni de vos feelings. 

Il s’agit en fait de votre intuition, qui est le terme utilisé en neuroscience.

En effet, le cerveau humain procède de deux manières différentes pour réfléchir. Il y a le processus rationnel et le processus intuitif. Ce dernier n’est ni ésotérique, ni magique, ni prémonitoire.

Les intuitions sont, en fait, les conclusions qui se présentent spontanément à votre esprit, sans que vous soyez conscient des étapes intermédiaires — bien qu’il soit souvent possible de justifier votre intuition après coup. 

Elles sont transmises à votre conscience par vos émotions. La première pensée qui vous vient à l’esprit en rencontrant une nouvelle personne, ce sont les sentiments que vous ressentez envers elle. Vous aimez ou n’aimez pas, vous avez confiance ou non. Voilà votre intuition qui se manifeste.

Plutôt que de disséquer l’information, le processus intuitif établit des connexions presque instantanément avec vos expériences passées. Par analogie et association, il synthétise et tire une conclusion. Sous la surface consciente, votre cerveau trouve des similitudes entre cette nouvelle personne et celles que vous avez connues par le passé, et porte un jugement. 

L’intuition est donc essentiellement basée sur les connaissances accumulées à travers vos expériences, trop souvent oubliées, et sur les modèles du monde que vous vous êtes créés. Dans le cas qui nous occupe, peut-être jugez-vous que le candidat ne s’entendrait pas avec le reste de votre équipe. L’opinion que vous vous faites du candidat et la vision que vous avez des membres de votre équipe ne sont peut-être pas compatibles à vos yeux.

En fait, parce qu’elle est spontanée et sans effort, l’intuition est la façon de penser qui détermine la majorité des décisions que vous prenez au quotidien. Si les enjeux ne sont pas élevés pour vous, l’intuition prévaudra, car il s’agit d’un processus de pensée facile et efficace. Que vous en soyez conscient ou non. Que cela vous plaise ou non.

Or, votre intuition peut avoir tort… tout comme votre raison.

(À suivre…)